L’Observatoire de la route : un défaut d’entretien expliquerait-il la hausse de la mortalité ?

Politique

Au total, la France dispose d’un million de kilomètres de voirie ; actuellement, ce réseau routier assure 88% du transport des personnes et des marchandises. C’est pourquoi, afin de veiller au « partage des connaissances sur le réseau routier et son entretien », ainsi qu’à une « meilleure évaluation de son état », le ministère des Transports vient de créer l’Observatoire de la route. Un choix qui intervient alors la mortalité sur les routes est en hausse pour la seconde année consécutive...

La France est le pays le mieux doté au monde en matière d’infrastructures routières. Les travaux routiers qui dépendent à 70% de la commande publique, sont à l’origine de 90 000 emplois et contribuent à l’attractivité et la compétitivité du pays. Pour surveiller la qualité de ce réseau, plusieurs organismes parapublics seront désormais mobilisés : l’Institut des routes, des rues et des infrastructures pour la mobilité (IDRRIM), le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA) et  l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (IFSTTAR).

Ce nouvel Observatoire de la route a été chargé de deux missions essentielles. En premier lieu, il doit « recenser les pratiques partenariales et les techniques innovantes en matière de réparations et de cycles de maintenance ». Enfin et surtout, il doit « évaluer l’état global des réseaux routiers français, son évolution », mais aussi « maitriser son évolution, et définir des stratégies et des politiques d’optimisation » et « évaluer la corrélation entre l’état du patrimoine et les dépenses globales à consacrer chaque année à l’entretien et l’exploitation de la voirie ». A cette occasion, le Secrétaire d’État chargé des Transports, Alain Vidalies, a par ailleurs souhaité une ouverture des données routières sur le réseau routier national.

Dans l’exposé des motifs publiés pour justifier la création de l’Observatoire de la route, le ministère des transports explique, « dans un contexte de moyens financiers publics durablement contraints (….) préserver une capacité d’investissement soutenable pour adapter le réseau routier aux défis du XXIème siècle est une nécessité absolue ». En effet, dans une étude réalisée en juin 2015 par l’Institut CSA pour le compte de la société des Autoroutes et du Tunnel du Mont Blanc (ATMB), si 81% des Français se disent satisfaits de la qualité des routes, leurs voisins du Pays-Bas sont 94% à répondre par l’affirmative à la même question.

Qui plus est, un verbatim publié dans cette étude résume parfaitement l’enjeu principal de l’entretien de la voirie : « Il est à mon sens essentiel que la route du futur soit plus sécurisante. Avec l’augmentation du nombre de véhicules sur les routes, cela me paraît primordial ». En matière de sécurité justement, les Français sont 67% a considéré la « sûreté » des installations routières comme le premier critère de qualité, ils sont ensuite 48% a souligné l’importance d’avoir une route « fluide » ou « dégagée ».

Pourtant, en 2012, les mauvaises infrastructures routières étaient impliquées dans 24% des accidents mortels. Récemment, en novembre 2015, l’association 40 millions d’automobilistes a justement créé le site jaimalaroute.com, avec l’objectif « d’obtenir dans le premier trimestre 2016 à une carte des routes de France les plus dégradées pour "interpeller les élus ».

Alors que les explications du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, sur la hausse de la mortalité (depuis 2 ans) sont contestées selon Le Figaro, ce dernier avait notamment assuré sur le site de la sécurité routière : «  Il y a donc moins d’accidents mais plus de morts. Cela veut dire qu’il y a moins de sens des responsabilités des automobilistes. Aussi  la responsabilité collective devrait nous inciter, tous d’une même voix, à dire : l’Etat prend des précautions, il multiplie les contrôles mais rien ne peut se substituer à la responsabilité individuelle ».