La sécurité routière veut mettre des gants aux motards

Aide a la conduite

Depuis le décret 2016-1232, les conducteurs de deux-roues motorisés vont être obligés de porter des gants conformes à la règlementation CE (Communauté Européenne) relative aux équipements de protection individuelle. Cette décision, qui deviendra effective à partir du 20 novembre, a pour objectif de protéger « une des catégories d'usagers les plus vulnérables au risque routier »…

Pour comprendre la volonté des pouvoirs publics de renforcer la protection des utilisateurs des deux-roues motorisés, il faut rappeler qu’en 2015 l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), ceux-ci « représentaient 43% des blessés graves, soit plus de 12 000 personnes, pour seulement 2% du trafic ». C’est pourquoi, ils sont considérés comme des utilisateurs particulièrement « vulnérables », au point que l’association prévention routière a publié un guide en avril 2016 intitulé : « À deux-roues, comment éviter les pièges ? »

Le décret 2016-1232 est paru le 20 septembre au Journal officiel afin de concrétiser une des mesures proposées le 2 octobre 2015 par le Comité interministériel de la sécurité routière (CISR - mesure n°15). Désormais donc, le port de gants certifiés CE est obligatoire pour les motards, scootéristes, cyclomotoristes, quadistes et tricyclistes. Actuellement, selon une enquête TNS Sofres, 12% d’entre eux roulent encore sans gants adaptés.

Il faut savoir qu’une chute à 50km/h provoque un choc aussi violent que lorsqu’un individu tombe d’une hauteur de dix mètres, les séquelles peuvent donc être très importantes. De plus, à en croire les estimations du Registre du Rhône, « 20% des victimes à deux-roues motorisé sont atteintes à la main ou au poignet » car « le premier réflexe est de les mettre en avant en cas de projection au sol ». Enfin, d’après l’Étude approfondie sur les accidents en motocycles (Source MAIDS), « avec des gants épais, les blessures aux mains sont atténuées ou évitées dans 95% des cas pour les motocyclistes et 87% des cas pour les cyclomotoristes ».

Avec cette nouvelle disposition, l’absence de gants pourra être sanctionnée par le retrait d’un point au permis de conduire et d’une amende de 68 euros. Initialement, les autorités avaient même envisagé d’appliquer la même sévérité que pour le port du casque, à savoir, le retrait de trois points et une amende de 135 euros. D’ailleurs,  la Fédération française des motards (FFMC) dénonce de son côté une approche « cosmétique » de la part des « pères Fouettard de la sécurité routière gouvernementale ».

En effet, selon elle, « en matière de sécurité routière, il vaut mieux inciter qu'obliger ». Celle-ci précise néanmoins que « ce n'est pas contre le port des gants que la FFMC proteste, mais contre le fait qu'ils deviennent +obligatoires+ sous la menace d'une verbalisation et d'un retrait de points sur le permis de conduire alors qu'aucune vie n'est en jeu et que le non port des gants ne menace pas l'intégrité d'autrui »…

crédit photo : leparisien.fr