Côte d’Ivoire : tout roule pour le marché de l’automobile

International
Soutenu par une croissance économique insolente et une classe moyenne renaissante, le marché automobile ivoirien se développe. Une situation encouragée par des mesures gouvernementales et qui permet à la « locomotive de l’Afrique de l’Ouest » de s’inscrire durablement dans le paysage automobile mondial.

Une croissance pied au plancher

Après Genève, Paris et Tokyo, c’est au tour d’Abidjan d’accueillir un salon international de l’automobile. Le 13 juin dernier, le ministre ivoirien des Transports Amadou Koné a annoncé que la première édition du Salon de l’Automobile d’Abidjan (SAA) aura lieu du 12 au 16 décembre 2019. Plus de 70 000 visiteurs et 2 000 exposants — dont Range Rover, Porsche, Nissan, mais aussi des marques chinoises — sont attendus à cet évènement qui inaugurera un modèle « business to client » inexistant dans le domaine de l’automobile en Afrique, où les showrooms ont lieu uniquement chez les concessionnaires. Ce salon biennal entend donc devenir un événement économique et socioculturel majeur en Afrique de l’Ouest. Et si c’est dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire qu’il aura lieu, ce n’est pas un hasard. Le pays connaît en effet une forte croissance économique de 8 à 9 % par an depuis l’arrivée au pouvoir du président Alassane Ouattara, en 2011. Une performance qui place ce pays de 25 millions d’habitants dans le top 5 mondial des pays à plus forte croissance. Même si celle-ci a légèrement ralenti de 0,3 % en 2018 en raison d’une conjoncture défavorable pour les exportations agricoles et d’un essoufflement de secteurs porteurs lors de ces dernières années comme la finance, les mines, l’énergie et les télécoms, elle atteint tout de même 7,4 % grâce à la bonne santé des secteurs de la construction et des transports. Cette croissance spectaculaire a boosté le pouvoir d’achat et la consommation des ménages, et a entraîné la reconstitution d’une véritable classe moyenne ivoirienne qui n’existait pratiquement plus à la sortie de la crise postélectorale de 2011. Une renaissance symbolisée par la construction de centres commerciaux à Abidjan et par le dynamisme du marché automobile ivoirien.

Le boom du marché des automobiles neuves

Selon le Groupement interprofessionnel Automobiles Matériels et Equipements (Gipame), environ 11 000 véhicules neufs ont été écoulés en Côte d’Ivoire en 2018, contre 9 800 en 2017 et 8 660 en 2016. Les concessionnaires ont ainsi pu dégager en 2018 un chiffre d’affaires de plus de 400 milliards de francs CFA (605 millions d’euros), et cette tendance plus que positive ne semble pas près de s’arrêter puisque 2019 commence sur les chapeaux de roue avec d’ores et déjà 13 000 véhicules vendus et une croissance de 17 % des achats de véhicules neufs en mai. La Côte d’Ivoire est ainsi devenue le marché automobile le plus prometteur de l’Afrique de l’Ouest après le Nigéria — un pays 8 fois plus peuplé qui est la première puissance économique africaine. Une santé insolente corrélée à la situation économique de la Côte d’Ivoire, certes, mais aussi due aux mesures spécifiques prises par ses dirigeants : l’interdiction des importations de véhicules d’occasion de plus de 5 ou 10 ans (selon les situations) mise en place début 2018 et l’exonération de taxes de toutes les sociétés privées de transporteurs depuis janvier 2019 ont permis de stimuler le marché du neuf, tandis que celui des véhicules d’occasion — qui tournait autour de 60 000 unités importées annuellement — a été divisé par 9. Une situation qui rappelle celle des « 20 glorieuses » — la double décennie 1960-1980 du « miracle économique ivoirien » — à la fin de laquelle les Ivoiriens achetaient 23 000 véhicules neufs par an. Une situation plus qu’enthousiasmante qui permet aux autorités ivoiriennes d’envisager l’installation d’une usine automobile dans le pays, des négociations ayant été entamées avec Renault et Toyota selon Amadou Koné, ministre des Transports ivoirien.
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