Interdiction du glyphosate : la SNCF, aussi, tire la sonnette d’alarme

Véhicules
Aujourd'hui, le désherbage des voies ferrées coûte 30 millions d'euros par an. Si le glyphosate était interdit, ce coût passerait à 500 millions. Chaque année, la SNCF fait usage d'environ 30 tonnes de glyphosate pour désherber 61 000 km de voies.   Mauvais départ pour le nouveau ministre de la Transition écologique. En juin, alors qu'il était président de l'Assemblée nationale, François de Rugy avait estimé qu'inscrire dans la loi la sortie du glyphosate d'ici 2021 aurait été « un message plus clair ». L'Assemblée nationale a en effet rejeté une nouvelle fois tous les amendements visant à graver dans la loi l'interdiction de l'herbicide « au plus tard dans trois ans », selon l'engagement pris par le président de la République en novembre. Tandis que le rapporteur du projet de loi Agriculture et alimentation, le député LREM Jean-Baptiste Moreau, a estimé qu'une telle mesure « ne sert à rien », le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, s'est opposé aux amendements en insistant sur la nécessité de développer des solutions alternatives. Une opposition inquiète des répercussions d’une sortie prématurée du produit.  

Pas d'alternative satisfaisante

La SNCF a alerté de manière répétitive sur ce qui pourrait être l'une des conséquences les plus catastrophiques, bien que négligée, de l'interdiction du glyphosate. Afin de respecter le standard de « zéro végétation sur les voies et sur les pistes », celles-ci sont régulièrement aspergées d'une solution à base de glyphosate. Pour la société ferroviaire, l'enjeu est de taille, notamment en matière de sécurité. Selon les informations de l'AFP, « la végétation pourrait retenir l'eau et déformer la plateforme (et donc les rails). Les touffes d'herbe pourraient en outre gêner les rayons laser vérifiant l'écartèlement des voies ou perturber les tournées d'inspection des cheminots ». Avec une consommation de 35 à 38 tonnes par an, la SNCF est le premier consommateur de glyphosate du pays, selon une étude de la Fondation Concorde citée par l'agence de presse. Cette dernière estime à 500 millions d'euros par an le coût du traitement des voies et des pistes sans l'herbicide. Une facture qui pourrait être ramenée à 350 millions « si on dégradait [les] standards », selon Michel Morin, responsable des voies ferrées à SNCF Réseau. Déjà « lourdement endetté », le gestionnaire du réseau ferré craint un manque de moyens pour entretenir les voies et leurs abords en cas d'interdiction du glyphosate. Certes, des alternatives ont été testées : herbicides alternatifs, pose de matériaux synthétiques, techniques d'ensemencement choisi, herbicides du courant électrique et ondes électromagnétiques... même les robots ont été mis à contribution. Hélas, « pour l'instant, on n'a pas encore trouvé la solution », s'inquiète Patrick Jeantet, PDG de SNCF Réseau.  

Utilisation raisonnée

Les entreprises comme la SNCF qui n’ont d’autres choix que de recourir au glyphosate, tout comme les exploitants agricoles séduits par ce produit peu cher et facilitant le labour des champs, doivent faire face à une opposition dure. Et les « solutions » alternatives utilisées dans le bio peuvent s'avérer tout aussi problématiques. En témoigne l’herbicide l’acide pélargonique, aux dangers réels, toujours défendu becs et ongles par l’agriculture Bio et qui s’avère être un fongicide pas si vert que cela. Le cuivre serait la substance la plus retrouvée sur les aliments biologiques, selon l'EFSA (Autorité européenne pour la sécurité alimentaire). Et ils ne sont pas les seuls. « Les solutions alternatives au glyphosate apparaissent plus coûteuses et moins confortables. Revenir au labour suppose d'augmenter le temps de présence dans les champs et d'accroître la consommation de gasoil. Passer à l'agriculture biologique est une solution attrayante, mais elle ne peut pas être généralisée à court terme, sauf à risquer un effondrement des prix et des rentabilités », lit-on dans une enquête récente de L'Express. L'hebdomadaire souligne que « l'interdiction du glyphosate menace tout le modèle économique agricole issu de l'après-guerre. Utiliser le désherbant chimique permet, en effet, de réduire les coûts en personnel et d'accroître les surfaces cultivées par un seul homme ». Que François de Rugy se rassure. Si ses débuts au ministère de la Transition écologique ont été difficiles, la suite ne devrait pas être plus simple.


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