Le gouvernement américain durcit sa position face à la Chine en proposant une interdiction des logiciels et équipements électroniques chinois dans les voitures vendus aux États-Unis.
Technologie chinoise bannie des voitures américaines : la sécurité nationale avant tout ?
Les autorités américaines ne cachent pas leurs inquiétudes concernant l’utilisation des technologies chinoises dans les véhicules. La National Security Agency (NSA) et d’autres organismes de renseignement ont pointé du doigt le risque que la Chine exploite ces dispositifs pour espionner les citoyens américains ou perturber des infrastructures critiques. Lael Brainard, conseillère économique nationale, a clairement exprimé cette crainte : « Sans les garde-fous appropriés, des données sensibles sur les Américains pourraient être passées aux autorités chinoises, ou des véhicules connectés pourraient dissimuler un point d’entrée permettant à des acteurs étrangers mal intentionnés d’espionner ou de saboter ». Avec des voitures de plus en plus connectées, qui interagissent avec d’autres véhicules, des smartphones, et même des infrastructures comme les parkings ou le réseau électrique, les risques d’espionnage ou de sabotage sont réels. Les capteurs, caméras et systèmes informatiques des véhicules collectent une grande quantité de données. En s’immisçant dans ce réseau, un acteur malveillant pourrait même prendre le contrôle des véhicules.
Au-delà des questions de sécurité, cette interdiction s’inscrit dans la continuité des mesures protectionnistes prises par l’administration Biden pour protéger l’industrie automobile américaine face à la concurrence chinoise. Depuis les années 2000, la région de Détroit, cœur historique de l’automobile aux États-Unis, a perdu près de 55 000 emplois industriels, en grande partie à cause de la concurrence étrangère. En imposant des droits de douane de 100 % sur les véhicules électriques chinois et en interdisant les technologies de l’Empire du Milieu, Washington cherche à préserver des emplois bien payés pour les ouvriers américains. Lael Brainard a d’ailleurs souligné l’importance de « conserver des emplois ouvriers bien payés au pays » et de garantir la résilience des chaînes d’approvisionnement face aux menaces étrangères. Le gouvernement veut ainsi éviter un « second choc chinois », similaire à celui subi par l’industrie manufacturière il y a plusieurs décennies.
Une bataille géopolitique sur fond de technologies
Gina Raimondo, secrétaire américaine au Commerce, a défendu ces mesures comme étant « proactives », soulignant que pour l’instant, il y a « très peu de voitures chinoises sur les routes américaines ». Mais ces restrictions concernent aussi les véhicules assemblés aux États-Unis ou au Mexique, mais utilisant des composants chinois. Toutefois, cette décision n’est pas sans critiques. Les autorités chinoises dénoncent une « interdiction abusive », accusant les États-Unis d’instrumentaliser la sécurité nationale pour mener une guerre commerciale. De leur côté, les constructeurs automobiles américains, bien qu’affichant publiquement leur soutien à cette initiative, sont confrontés à des défis techniques. L’interdiction des logiciels pourrait être mise en place dès 2027, mais pour les composants physiques, la date limite est fixée à 2029, le temps de trouver des fournisseurs alternatifs.
Cette interdiction des technologies chinoises s’inscrit dans une stratégie plus large de l’administration Biden visant à limiter l’influence de la Chine dans les secteurs technologiques stratégiques. Déjà, les États-Unis ont restreint l’accès des entreprises chinoises aux semi-conducteurs avancés, indispensables pour le développement des véhicules autonomes et de l’intelligence artificielle. Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale, a rappelé que la Chine avait déjà « prépositionné des logiciels malveillants sur des infrastructures critiques ».
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