L’agece Bloomberg nous apprend que le groupe automobile Stellantis, né en 2021 de la fusion de PSA et FCA, a lancé, lundi 23 septembre 2024, une procédure afin de trouver le successeur de Carlos Tavares comme directeur général bien en amont de la fin de son contrat.
Un processus de succession lancée avant la fin du contrat de Carlos Tavares
Loué pour ses résultats financiers, le directeur général de Stellantis pourrait être en train de traverser une période difficile. Le groupe automobile a décidé de déclencher le processus de succession de son directeur général bien en amont de la fin de contrat de Carlos Tavares, celui-ci devant en effet s’achever en mars 2026.
Cette décision, rapportée par plusieurs médias dont Bloomberg, intervient dans un contexte délicat pour le groupe automobile franco-italo-américain. Celui-ci en effet est confronté à une baisse significative de ses résultats financiers : les ventes du groupe automobile en Amérique du Nord ont chuté de 18 % au premier semestre 2024, un de ses marchés clés, et son bénéfice net au premier semestre de 2024 a chuté de 48 % pour atteindre 5,6 milliards d’euros contre 10,9 milliards au premier semestre de 2023. Face à cette situation, John Elkann, président du conseil d’administration, a jugé nécessaire d’anticiper la transition à la tête du groupe.
Une nouvelle qui arrive seulement six mois après que les actionnaires de Stellantis ont approuvé, en avril 2024, une rémunération de 36,5 millions d’euros pour Carlos Tavares au titre de l’année 2023. Un montant qui n’avait d’ailleurs pas manqué de faire couler beaucoup d’encre à l’époque… On pourrait ainsi supputer que ce décalage entre la récompense perçue par le PDG, en plus des derniers résultats financiers du groupe, aurait alimenté des tensions internes au sein du conseil d’administration.
Une gestion controversée face à l’Europe et aux actionnaires
D’autre part, Carlos Tavares, connu pour son franc-parler et ses décisions stratégiques tranchées, n’a pas hésité à critiquer la politique européenne en matière de transition énergétique. Comme le rapportent nos confrères d’Auto-Infos, s’il a dénoncé à plusieurs reprises le « dogmatisme » de l’Union européenne sur la question de l’électrique, et s’est également dissocié de l’ACEA (Association des constructeurs européens d’automobiles), qui demandait un report du calendrier CO2 imposé par l’exécutif européen, et qui prévoit des sanctions financières colossales dès 2025. Carlos Tavares oscille ainsi donc entre soutien et critique vis-à-vis de Bruxelles, notamment concernant les droits de douane sur les véhicules chinois, qu’il n’a pas hésité à qualifier de « piège majeur » pour les pays européens.
Cet équilibre délicat, entre la critique des mesures européennes et l’adaptation stratégique du groupe aux exigences réglementaires, a parfois suscité l’incompréhension, aussi bien au sein des instances européennes que parmi les actionnaires de Stellantis qui voient le marché européen poursuivre sa chute. Rien n’est acté pour le moment, mais le signal envoyé par le lancement de ladite procédure de succession n’en reste pas moins fort.
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