En cette fin du mois d’août 2024, des révélations inquiétantes ont ébranlé la Régie Autonome des Transports Parisiens (RATP). Des pratiques frauduleuses, visant à contourner et falsifier les contrôles techniques obligatoires des bus, ont été mises en lumière par une enquête du Parisien. De quoi inquiéter les usagers des transports publics de la capitale et ses alentours.
La RATP organise une fraude au contrôle technique
L’accusation principale porte sur l’utilisation systématique de valises électroniques pour effacer les alertes de dysfonctionnements sur les bus avant qu’ils ne passent leur contrôle technique semestriel. Ces manipulations, exigées par les supérieurs hiérarchiques des chauffeurs selon les révélations du Parisien, ont pour but d’éviter l’immobilisation des véhicules qui présenterait des défauts graves, nécessitant une contre-visite.
Ces manipulations se déroulent à quelques mètres des centres de contrôle technique, souvent juste avant l’entrée dans le garage. Les conducteurs utilisent une valise électronique fournie par la RATP, permettant d’effacer temporairement tous les signaux d’alerte du tableau de bord. Ainsi, les anomalies sont invisibles lors du contrôle technique, ce qui permet aux bus de continuer à circuler sans subir les réparations pourtant nécessaires.
Des conséquences directes sur la sécurité routière
Cette pratique met directement en danger la sécurité des passagers, des chauffeurs et des autres usagers de la route. En effet, les dysfonctionnements effacés par la manipulation électronique ne sont pas corrigés, mais simplement masqués. Une fois sur la route, ces anomalies peuvent réapparaître, et dans certains cas, provoquer des accidents graves.
En mars 2020, un incident dramatique s’est produit à Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis, lorsqu’un bus de la RATP a quitté la route et a fini sa course dans un établissement scolaire. L’enquête a révélé que le chauffeur avait, sous la pression de ses supérieurs, effacé un voyant d’alerte lié au système de refroidissement du moteur. Le chauffeur de ce bus, qui a témoigné auprès du Parisien, est encore sous le choc et a craint de tuer des personnes lorsqu’il a perdu le contrôle de son véhicule.
La direction de la RATP n’aurait rien fait
Jean Castex, actuel président de la RATP, a réagi aux accusations en minimisant leur portée, déclarant ne pas partager les « insinuations » portées contre la régie. Cependant, les témoignages accumulés, corroborés par des observations directes lors des contrôles techniques, dépeignent un tableau sombre de la gestion interne de la sécurité à la RATP.
L’indifférence apparente de la direction face à ces pratiques est d’autant plus préoccupante que les alertes ont été régulièrement soulevées lors des conseils d’administration par des représentants du personnel. La réponse de la direction semble se limiter à des justifications techniques qui ne convainquent ni les chauffeurs ni les experts en sécurité routière.
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