L’Euro NCAP veut le retour des boutons physiques : Volkswagen s’exécute

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Le tactile devait révolutionner l’ergonomie automobile, mais il semble surtout avoir transformé chaque simple ajustement en une épreuve de concentration excessive. Face aux critiques des conducteurs et aux nouvelles exigences de sécurité, certains constructeurs font machine arrière. Volkswagen, en tête de file, réintroduit des commandes physiques.

Depuis plusieurs années, les constructeurs automobiles ont réduit les boutons physiques au profit d’écrans tactiles, souvent sous prétexte de modernité et de simplification. Pourtant, le 7 mars 2025, Volkswagen a officiellement annoncé la fin du « tout tactile » dans ses véhicules à venir. Une déclaration qui fait écho aux critiques des usagers et à une nouvelle exigence de l’Euro NCAP, l’organisme européen d’évaluation de la sécurité des véhicules. Dès 2026, les tests de sécurité intégreront l’obligation de certaines commandes physiques, condamnant de facto les voitures ne respectant pas ces critères.

Pourquoi l’Euro NCAP impose des boutons physiques dès 2026 ?

L’Euro NCAP (European New Car Assessment Programme) est l’organisme indépendant qui évalue la sécurité des véhicules en Europe via un système de notation à cinq étoiles. Depuis des décennies, il influence directement les choix des constructeurs. Et en 2026, un changement majeur s’annonce : les commandes critiques devront être accessibles via des boutons physiques.

Selon les nouvelles règles dévoilées par Matthew Avery, directeur du développement stratégique chez Euro NCAP, cinq fonctions vitales devront impérativement disposer d’une commande physique : les clignotants, les feux de détresse, le klaxon, les essuie-glaces et le système d’appel d’urgence (eCall). L’objectif principal est de réduire le temps de distraction au volant. L’organisme s’appuie sur des études démontrant que naviguer dans des menus tactiles demande bien plus d’attention qu’appuyer sur un bouton physique identifiable au toucher.

Les constructeurs qui ne respecteront pas cette règle verront leur note Euro NCAP amputée de cinq points sur cent. Même si cette norme n’a pas de valeur juridique, une mauvaise note impacte directement l’image d’un modèle sur le marché. Un véhicule sans cinq étoiles Euro NCAP devient beaucoup plus difficile à vendre, surtout auprès des flottes et des assureurs.

Volkswagen : du tactile à la remise en cause

Volkswagen avait fait du tactile un choix stratégique, notamment sur sa Golf 8 et ses modèles ID. Mais après cinq années de critiques et d’insatisfaction client, le géant allemand fait son mea culpa.

Andreas Mindt, responsable du design chez Volkswagen, s’est exprimé sans détour dans une interview accordée à Autocar en affirmant que les futurs modèles de la marque, après l’ID 2all, réintroduiront des boutons physiques pour plusieurs fonctions essentielles. Ainsi, le volume de l’audio, le chauffage du conducteur et du passager, la climatisation et les feux de détresse ne seront plus soumis à une interface tactile.

Ce revirement de situation illustre un aveu d’échec tardif. Le tout tactile chez Volkswagen avait été introduit dès 2019 avec la Golf 8 et s’est imposé sur les ID.3, ID.4 et ID.5. Pourtant, les clients se sont plaints d’un système peu intuitif, obligeant à détourner les yeux de la route. Malgré ces retours négatifs, la marque a mis près de six ans à corriger le tir.

Tesla, Peugeot, BMW… quels constructeurs abandonnent aussi le tout tactile ?

Volkswagen n’est pas le seul à faire machine arrière. D’autres marques, sous pression des consommateurs ou de l’Euro NCAP, réintroduisent des boutons physiques.

Tesla, longtemps partisan d’une interface ultra-minimaliste où l’écran central dicte l’ensemble des commandes, semble lui aussi amorcer un retour en arrière. Le dernier Model 3 a réintégré un bouton physique pour les feux de détresse, tandis que des rumeurs évoquent le retour de commandes sur le volant pour les essuie-glaces et clignotants.

Peugeot et BMW adoptent des stratégies intermédiaires. Peugeot, avec son i-Cockpit, cherche à équilibrer boutons physiques et interface tactile. Le dernier 3008 a ainsi réintroduit une barre de commandes personnalisables sous l’écran central. BMW, quant à lui, maintient son écran tactile mais conserve également une molette iDrive qui permet de naviguer sans avoir à toucher directement l’écran.

Quels changements pour les automobilistes ?

Ce virage du secteur automobile va avoir un impact concret sur les conducteurs. L’ergonomie générale des voitures, comme celles de Volkswagen, devrait s’améliorer, notamment en réduisant les distractions au volant. Les boutons physiques permettent un repérage tactile immédiat, contrairement aux écrans qui obligent le conducteur à détourner les yeux pour naviguer dans les menus. Par ailleurs, ils réduisent le risque d’erreurs de manipulation, fréquentes sur les interfaces tactiles, surtout lorsque la voiture est en mouvement ou roule sur une route accidentée.

Le débat reste ouvert sur la question de l’innovation. Les partisans du tout tactile avancent plusieurs arguments en faveur de cette technologie. La disparition des boutons réduit la complexité mécanique et limite les pannes potentielles. De plus, les écrans offrent une modularité bien supérieure, notamment avec la possibilité d’effectuer des mises à jour logicielles et de personnaliser l’interface selon les préférences de chaque utilisateur. Malgré cela, les retours d’expérience montrent que certaines commandes essentielles restent plus efficaces lorsqu’elles sont accessibles directement via des boutons physiques.

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