Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne, lance un avertissement sévère : la politique de l’Union européenne dans le secteur automobile met en péril toute l’industrie. Dans son rapport de 400 pages remis à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lundi 9 septembre 2024, il dénonce une stratégie qui, selon lui, condamne l’Europe à perdre son leadership face à des concurrents, notamment chinois, de plus en plus agressifs.
Une stratégie industrielle qui pousse le Vieux Continent dans le mur
Selon l’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, les décisions politiques de l’UE, notamment l’interdiction des véhicules thermiques d’ici 2035, combinées à la montée en puissance des véhicules électriques chinois, subventionnés par l’État, mènent l’Europe droit dans une impasse. « Nous avons besoin d’une approche globale, » martèle-t-il, accusant l’UE de manquer de vision et de coordination. Alors que l’Europe impose des règles environnementales strictes à ses constructeurs, elle laisse les voitures électriques chinoises envahir son marché sans réel contrôle.
Le risque est clair : les usines européennes, déjà en difficulté, peinent à rivaliser avec les prix ultra-compétitifs des voitures chinoises. Si l’Union ne réagit pas, elle pourrait perdre l’une des filières piliers de son industrie.
Une trop grosse dépendance à la Chine
Le rapport de Mario Draghi met aussi en lumière la dépendance critique de l’Europe vis-à-vis de la Chine pour les matières premières et technologies essentielles à la transition énergétique. Alors que l’Europe s’efforce de se décarboner, elle reste tributaire de composants chinois pour la fabrication de véhicules électriques et d’autres technologies propres.
« Cette dépendance est une menace directe pour notre sécurité économique et notre autonomie, » déclare Mario Draghi. Il appelle à un changement immédiat de cap, prônant le développement de sources d’approvisionnement alternatives et une véritable stratégie industrielle, et commune entre les 27 pays membres de l’UE pour réduire cette dépendance à la Chine.
Une Europe en retard dans l’innovation
L’ancien président de la BCE déplore également le retard technologique de l’Europe par rapport à la Chine et aux États-Unis. « Nous avons les idées, mais elles n’aboutissent pas, » affirme-t-il. Le manque d’investissement dans les nouvelles technologies, en particulier les batteries et l’intelligence artificielle, place l’industrie européenne en position de faiblesse face à la concurrence internationale.
Pour Mario Draghi, l’Union européenne doit mobiliser des fonds massifs, de l’ordre de 800 milliards d’euros par an, pour rattraper ce retard et encourager l’innovation dans des secteurs critiques tels que le segment électrique, plutôt que de préparer des sanctions financières contre ses propres constructeurs automobiles… Sans cette mobilisation, l’Europe pourrait être laissée derrière dans la course aux technologies de demain et risquer de signer la mort de son industrie automobile, avertit l’ancien président de la BCE.
14 millions d’emplois en jeu
Draghi souligne enfin l’impact potentiel sur l’emploi. « Si nous ne changeons pas de stratégie, des millions d’emplois risquent de disparaître, » avertit-il. L’industrie automobile emploie environ 14 millions de personnes en Europe, et beaucoup d’entre elles pourraient perdre leur emploi si l’Europe ne protège pas mieux ses usines et ses travailleurs face à la concurrence chinoise.
Plutôt que de céder aux sirènes du protectionnisme, comme l’UE semble s’engager dans cette voie en augmentant les taxes douanières sur les voitures électriques chinoises, l’ancien président de la BCE appelle à une réponse coordonnée, avec des investissements dans la modernisation des usines et des politiques commerciales défensives.
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