Normes CO2 : l’Europe accorde un répit aux constructeurs automobiles

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Normes CO2 : l’Europe accorde un répit aux constructeurs automobiles
Normes CO2 : l’Europe accorde un répit aux constructeurs automobiles | L'Automobiliste

Le 27 mai 2025 marque un tournant dans la régulation des émissions de CO2 pour les véhicules neufs au sein de l’Union européenne. La réforme adoptée instaure un calcul des émissions moyennes étalé sur trois ans, un changement majeur qui redéfinit la pression exercée sur les constructeurs. Ce recul, motivé par la nécessité de soutenir un secteur en pleine mutation, soulève des interrogations sur la sincérité des efforts environnementaux des constructeurs automobiles.

Une nouvelle flexibilité pour réduire les sanctions liées aux émissions

Désormais, les industriels de l’automobile ne seront plus tenus de respecter chaque année un seuil strict d’émissions de dioxyde de carbone. Au lieu d’un calcul annuel, c’est une moyenne triennale qui déterminera leur conformité réglementaire de 2025 à 2027. Cette modification donne un répit précieux aux constructeurs en difficulté, notamment face à la transition complexe vers les véhicules électriques.

Cette mesure, approuvée par une majorité parlementaire comprenant la droite européenne, les socialistes et les libéraux, vise à prévenir un « choc » financier lié aux amendes. Comme l’a expliqué l’eurodéputé Pascal Canfin (Renew), c’est la forte pression des industriels qui a imposé cette adaptation du système, soulignant un compromis indispensable.

Des critiques acerbes face à ce recul écologique

Si cette assouplissement est salué par certains acteurs économiques, il provoque une levée de boucliers des écologistes et ONG. Transport & Environnement parle d’un frein donné à la démocratisation des voitures électriques et à la réduction effective des émissions.

La députée belge Saskia Bricmont a qualifié cette décision de « recul regrettable » qui risque de retarder la mise sur le marché de modèles électriques plus accessibles aux consommateurs. De leur côté, les critiques de droite extrême jugent l’assouplissement insuffisant et militent pour la suppression totale du régime d’amendes.

La réalité persistante des émissions dans le secteur automobile

Les transports continuent de jouer un rôle prépondérant dans le bilan carbone de l’Europe. Depuis 1990, c’est le seul secteur à avoir vu ses émissions croître, avec une augmentation de 33,5% jusqu’en 2019. Les véhicules légers, en particulier, sont responsables d’une part écrasante des émissions du transport routier.

Malgré une croissance encourageante des ventes de véhicules électriques, leur part reste limitée et la transition vers une flotte propre est freinée par des coûts et des infrastructures encore insuffisantes.

L’équilibre délicat entre compétitivité et transition écologique

Cette révision des règles s’inscrit dans un contexte de forte concurrence mondiale, notamment avec la Chine qui investit massivement dans les technologies vertes. L’Union européenne cherche à maintenir sa filière automobile en vie tout en avançant vers ses objectifs climatiques. Pour cela, elle déploie un plan de soutien de plusieurs milliards d’euros visant à sécuriser les chaînes d’approvisionnement essentielles, notamment pour les batteries électriques.

Quel avenir pour les normes environnementales en Europe ?

Alors que l’interdiction des véhicules thermiques en 2035 reste en ligne de mire, plusieurs voix au Parlement annoncent une possible réévaluation de cet engagement. L’eurodéputé Laurent Castillo (PPE) évoque déjà la nécessité d’adapter les échéances.

Cette évolution soulève une question majeure : jusqu’où l’Europe est-elle prête à sacrifier ses ambitions pour protéger son industrie ? Et à quel prix environnemental ?

Une pause stratégique ou un recul durable ?

Ce nouveau régime d’évaluation triennale peut être perçu comme un simple ajustement tactique. Pourtant, il fragilise la trajectoire vers la neutralité carbone, en donnant aux constructeurs un moyen de contourner les règles strictes. Les données récentes montrent que chaque année de retard dans la réduction des émissions se traduit par un impact climatique aggravé et des coûts économiques à long terme.

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