Alors que les prix du carburant ont connu une accalmie relative en 2024, un nouvel élément pourrait faire grimper la facture des automobilistes à partir de 2027. L’ETS2, un marché carbone européen visant les émissions des transports et du chauffage, s’annonce comme un levier de taxation supplémentaire.
Le secteur automobile est de nouveau dans le viseur des régulateurs européens. Dès 2027, une réforme majeure, l’ETS2 (Emissions Trading System 2), viendra imposer un coût aux émissions de CO₂ des carburants routiers. Le principe est simple : les distributeurs d’énergie devront acheter des quotas carbone, un surcoût qui sera directement répercuté sur le prix à la pompe.
Associée à d’autres mécanismes de fiscalité environnementale, cette mesure pourrait se traduire par une augmentation allant jusqu’à 23 centimes par litre selon les calculs de l’UFIP relayés par Les Echos.
L’ETS2 : un marché carbone appliqué aux carburants
L’ETS2 est une extension du système européen de quotas carbone, actif depuis 2005 dans le secteur industriel. Cette version élargie couvrira les émissions liées aux carburants et au chauffage. Son objectif ? Réduire la dépendance aux énergies fossiles en rendant leurs émissions plus coûteuses.
Contrairement au système actuel, qui applique la tarification carbone aux grands pollueurs industriels, l’ETS2 concernera les distributeurs de carburant. Ces derniers devront acheter des droits d’émission pour chaque tonne de CO₂ mise sur le marché. Résultat : le prix du carburant augmentera proportionnellement au coût de ces quotas.
Les estimations actuelles tablent sur une hausse moyenne de 15 centimes par litre, un chiffre qui pourrait évoluer en fonction du marché carbone. À cela s’ajoutent d’autres facteurs fiscaux qui pourraient porter l’augmentation totale à 23 centimes par litre.
Des taxes multiples qui s’additionnent
L’ETS2 n’est pas la seule menace qui plane sur le portefeuille des automobilistes. D’autres mécanismes fiscaux vont venir renforcer la pression sur les carburants :
Certificats d’économie d’énergie (CEE) : la charge cachée
Les CEE obligent les fournisseurs d’énergie à financer des actions de transition énergétique, notamment en soutenant la rénovation thermique et l’électrification des véhicules. Actuellement, ces certificats représentent 8 centimes par litre de carburant.
Le problème ? Les obligations énergétiques pour la période 2026-2030 sont en train d’être redéfinies. Si l’État opte pour des objectifs ambitieux, le coût des CEE pourrait atteindre 16 centimes par litre.
Biocarburants : une intégration de plus en plus coûteuse
Les distributeurs doivent aussi incorporer une part croissante de biocarburants dans l’essence et le diesel. Cette obligation coûte 5,8 centimes par litre en 2024, et les projections indiquent que cette charge ne devrait pas diminuer dans les années à venir.
Si l’on cumule tous ces éléments, un automobiliste pourrait payer jusqu’à 23 centimes de plus par litre dans les années à venir.
Facteur de hausse | Augmentation estimée |
---|---|
ETS2 (quotas carbone) | +15 centimes/litre |
Certificats d’économie d’énergie (CEE) | +8 centimes/litre (potentiellement +16) |
Incorporation de biocarburants | +5,8 centimes/litre |
Total possible | +23 centimes/litre |
Un risque de choc social et de ralentissement du marché automobile
Les experts estiment que cette hausse pourrait faire grimper les dépenses énergétiques des foyers de 200 à 650 euros par an, comme alertait l’UFC-Que Choisir en septembre 2024. Une charge qui risque de pénaliser lourdement les automobilistes les plus dépendants de leur véhicule, notamment en zones rurales.
L’ombre d’un nouveau mouvement social plane. La dernière grande contestation liée au carburant, en 2018, avait été déclenchée par une hausse bien inférieure à celle annoncée aujourd’hui.
L’industrie automobile pourrait aussi subir le contrecoup de cette fiscalité grandissante.
- L’électrification va-t-elle compenser ? Si les hausses de carburant incitent à adopter des véhicules électriques, ces derniers restent coûteux et contraints par une infrastructure encore insuffisante.
- Le diesel définitivement enterré ? Déjà en perte de vitesse, le diesel risque de perdre encore en attractivité face à ces hausses fiscales, précipitant son extinction accélérée.
- Vers un marché automobile divisé ? La crainte est d’aboutir à un marché à deux vitesses : ceux qui peuvent passer à l’électrique, et ceux qui subiront la flambée des carburants.
L’ETS2, un casse-tête pour les automobilistes et les industriels
À l’aube de 2027, l’ETS2 et la taxation énergétique menacent sérieusement l’accessibilité du transport individuel. Si rien ne change, les automobilistes devront faire face à une hausse cumulée pouvant atteindre 23 centimes par litre.
Le gouvernement devra trouver un équilibre entre les objectifs environnementaux et la capacité réelle des consommateurs à absorber ces augmentations.