Verbalisés pour avoir filmé un accident ; 109 automobilistes paient l’amende

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Amende Pour Avoir Filmé Accident
Verbalisés pour avoir filmé un accident ; 109 automobilistes paient l’amende | L'Automobiliste

Sur l’A7, un poids lourd renversé a paralysé la circulation au niveau de La Roche-de-Glun, dans la Drôme. Tandis que les secours intervenaient, plus d’une centaine d’automobilistes ont ralenti… pour filmer la scène, téléphone en main. Le 5 juin 2025, les gendarmes ont transformé cet élan d’irresponsabilité en opération de répression éclair. Résultat : 109 verbalisations, sans sommation ni détour, dans ce qui pourrait bien devenir un précédent pour les comportements numériques au volant.

Le 5 juin 2025, l’autoroute A7 a été paralysée dans le sens nord-sud, à hauteur de La Roche-de-Glun, dans la Drôme, après qu’un poids lourd s’est renversé sur la chaussée. Si les conséquences matérielles ont rapidement été prises en charge, le comportement des automobilistes témoins de l’accident a provoqué un tout autre type d’intervention : 109 d’entre eux ont été verbalisés pour avoir filmé la scène au volant. Une opération spectaculaire, menée par les forces de l’ordre, et fondée sur le Code de la route.

Accident A7 : un poids lourd renversé, une autoroute bloquée, et une pluie de PV

Ce matin-là, vers 9 h 15, un camion circulant en direction de Valence perd le contrôle de son chargement et se couche sur les voies, obstruant complètement la circulation. L’accident se produit à un point névralgique du trafic autoroutier du sud-est, sur l’A7, dans le département de la Drôme. Les secours sont rapidement mobilisés, et les gendarmes prennent position autour de la zone.

Mais la scène attire un tout autre type d’attention. De nombreux automobilistes ralentissent exagérément, téléphone à la main, appareil levé, souvent par la fenêtre, pour capter l’instant. Ce comportement a immédiatement déclenché une réaction coordonnée : les militaires ont recensé 109 infractions, toutes constatées à la volée, sans arrêt des véhicules.

Comme l’explique France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, ces verbalisations reposent sur une observation directe des contrevenants, prise sur le vif depuis les bas-côtés. Les forces de l’ordre ont procédé sans interception, établissant les procès-verbaux après avoir relevé les plaques.

Verbalisation téléphone conducteur : une infraction sans contact

L’usage du téléphone tenu en main en situation de conduite est formellement prohibé par l’article R412-6-1 du Code de la route. Or, comme le rappelle L’Écho Républicain, ce texte s’applique même à vitesse nulle, tant que le véhicule est en circulation ou à l’arrêt sur une voie non dédiée.

L’amende encourue est de 135 euros, avec un retrait de trois points. L’usage d’un téléphone dans ces circonstances est considéré comme une mise en danger potentielle, car il détourne l’attention du conducteur et modifie son comportement sur la route.

Le capitaine Stéphane Albano, commandant en second de l’EDSR de la Drôme, précise que « les gens ralentissaient volontairement pour filmer, sans même cacher leur téléphone ». Selon lui, cette pratique est devenue courante, mais dangereuse, et justifie une riposte proportionnée.

Automobilistes filmant scène accident : banalité ou symptôme inquiétant ?

Si cette opération frappe par son ampleur, elle n’est pas isolée. Ouest-France note que le phénomène s’est largement banalisé : à chaque accident visible sur autoroute, les téléphones se lèvent, non pour prévenir les secours, mais pour capturer des images à partager.

Cette dérive pose deux problèmes majeurs : d’abord, elle retarde et complique l’intervention des secours. Ensuite, elle expose les victimes à un regard intrusif, parfois même à une diffusion publique d’images dans des contextes traumatiques.

D’après 20 Minutes, l’opération de verbalisation visait aussi à envoyer un signal clair : filmer n’est pas anodin. Surtout quand l’acte lui-même constitue une infraction.

Sanctions usage téléphone voiture : et la vie privée dans tout ça ?

Même si l’usage du smartphone au volant est réprimé, une autre question surgit lorsqu’il s’agit de filmer un accident : celle de la diffusion. Les passagers ont le droit de filmer, tout comme les caméras embarquées (dashcams), mais les images ne peuvent être diffusées librement dès lors qu’elles montrent des visages, des victimes, ou des plaques d’immatriculation.

La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) rappelle que tout partage sans consentement peut être qualifié d’atteinte à la vie privée. L’article 226-1 du Code pénal prévoit jusqu’à un an de prison et 45 000 euros d’amende pour ce délit.

Cette dimension est encore trop peu connue des usagers, qui ignorent parfois que la simple publication d’une image d’accident non floutée les expose à des sanctions pénales, même si la prise de vue elle-même n’a pas été sanctionnée.

Conclusion : accident A7, miroir d’une impunité numérique ?

L’accident A7 juin 2025 aura été le théâtre d’un triple désastre : mécanique, civique et technologique. Les images captées par les automobilistes n’ont rien à envier à un plateau de tournage amateur, sauf que cette fois, les réalisateurs ont payé l’addition : 135 euros d’amende, 3 points retirés, 109 fois.

La gendarmerie a démontré qu’il est possible de sanctionner ces comportements sans interception directe, ouvrant peut-être la voie à une verbalisation renforcée à l’ère des smartphones. Reste une question : faut-il attendre de nouveaux drames pour prendre conscience qu’un volant n’est pas un support pour perche à selfie ?

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