Les ventes de voitures neuves s’effondrent, le marché s’assèche, et pourtant quelques modèles s’accrochent. Entre électrification contrainte et hausses tarifaires vertigineuses, le paysage automobile français s’est métamorphosé à marche forcée.
Les ventes plongent, mais certaines voitures résistent
En mai 2025, le marché automobile français a poursuivi sa dégringolade. Avec seulement 123 919 voitures particulières neuves immatriculées, la baisse atteint -12 % en un an, selon les données de la Plateforme automobile (PFA). Depuis le début de l’année, la contraction cumulée dépasse -8 %. Le marché s’enfonce sans rebond.
La situation n’est guère meilleure sur l’ensemble du premier trimestre. En mars, les ventes avaient chuté de 14,5 %, selon les chiffres du Comité des Constructeurs Français d’Automobiles (CCFA). Le volume global s’établissait à 410 085 immatriculations, un plancher inédit depuis des décennies.
Pourtant, dans ce désert commercial, quelques modèles tirent leur épingle du jeu. Renault, en particulier, limite les dégâts avec une baisse des ventes contenue à -1 % sur la période. Le constructeur doit ce sursaut à un seul modèle : la Renault 5 E-Tech, une citadine électrique au design vintage, vendue à 31 000 euros. En mars 2025, 9 187 unités ont été écoulées.
Des hausses de prix qui écrasent le marché
La désaffection ne vient pas d’un désamour, mais d’un ticket d’entrée devenu dissuasif. Le prix moyen d’un véhicule neuf est passé de 28 000 à 35 000 euros entre 2020 et 2024. Soit une envolée de 24 % en quatre ans – bien au-delà de l’inflation.
La Clio, autrefois championne des ventes accessibles, symbolise cette dérive. En 2000, elle coûtait 12 043 euros, l’équivalent de 11 mois de Smic. Aujourd’hui, il faut 14 mois pour s’offrir une version basique facturée 20 000 euros.
L’électrification, les normes environnementales et sécuritaires, et la stratégie de montée en gamme expliquent en partie cette explosion tarifaire. Flavien Neuvy, de l’Observatoire Cetelem, le résume : « Les prix des voitures neuves augmentent deux fois plus vite que l’inflation ». Quand les prix montent, rien d’étonnant à ce que les ventes baissent.
Un pouvoir d’achat étranglé, un marché figé
En parallèle, les capacités financières des ménages français n’ont cessé de s’éroder. L’inflation persistante depuis 2022, conjuguée à une stagnation des salaires, a profondément affecté le pouvoir d’achat. Selon l’INSEE, le revenu médian des Français progresse moins vite que le coût de la vie, notamment en matière de logement, d’énergie et d’alimentation. Dans ce contexte, la voiture neuve devient la variable d’ajustement.
Même les classes moyennes reculent. La part de ménages capables de financer un véhicule neuf sans crédit ou leasing s’est effondrée. Le recours au financement s’est banalisé, mais les taux élevés dissuadent une partie des acheteurs. Résultat : une frange croissante de la population renonce tout simplement à remplacer son véhicule. Les ventes plongent, mécaniquement.
L’électrique imposée, les citadines oubliées
Le catalogue s’est transformé : les petites thermiques disparaissent, les SUV prolifèrent, et l’électrique s’impose par le haut. Cette mutation brutale bouleverse l’équilibre du marché. Alors que les citadines classiques à essence disparaissent des brochures, elles sont souvent remplacées par des électriques à prix premium, souvent au-delà de 30 000 euros.
L’offre s’est raréfiée pour les modèles compacts et polyvalents à tarif abordable. Dacia, longtemps refuge des ménages modestes, a elle-même relevé ses tarifs. La Spring électrique est vendue à partir de 20 800 euros, hors aides. Peugeot, Citroën et Opel – membres du groupe Stellantis – ont opté pour une stratégie identique, poussant la clientèle vers des segments supérieurs.
Chez les constructeurs premium, la chute est vertigineuse : Mercedes (-48,4 %), Volvo (-59,6 %), BMW (-36,6 %). La stratégie d’augmentation de marge s’est retournée contre eux dans un contexte d’incertitude économique.
Un marché remodelé à coups de contraintes
Le retrait de nombreux modèles thermiques, conjugué à une fiscalité de plus en plus dissuasive, a réduit considérablement les alternatives pour le consommateur moyen. La fin brutale du leasing social en mars 2024 – après seulement trois semaines et 50 000 véhicules écoulés – a encore aggravé le sentiment d’instabilité.
Désormais, les modèles qui fonctionnent sont les rares véhicules électriques bien positionnés : citadines néo-rétro, véhicules low-cost électrifiés, et quelques hybrides stratégiques. Le tout dans un univers où la lisibilité des gammes est brouillée par les changements de normes et l’incertitude fiscale.
Vous oubliez les malus jusqu’à 70.000€. Il y a même des malus sur les voitures électriques et les hybrides. Voitures un peu trop chères et malus dissuasifs, moi aussi je repousse mon achat. L’Etat va perdre gros car ils n’auront même pas la TVA et les taxes d’immatriculation. Trop d’impôts tue l’impôt…