Marché automobile : au tour de la Chine d’augmenter ses droits de douane

Véhicules
La Chine envisage d'augmenter ses droits de douane sur les voitures importées sur son sol. Cette mesure a été évoquée par Liu Bin, expert du China Automotive Technology & Research Center (CATARC), lors d'une interview accordée au Global Times, comme le rapportent nos confrères de BFM Business. Selon ses dires, l'Empire du Milieu pourrait faire passer ses droits de douane de 15 % à 25 % sur les véhicules à moteur de plus de 2,5 litres, de quoi faire craindre le pire pour les constructeurs européens, en particulier les Allemands.  

Un coup de tonner pour les constructeurs allemands

Les géants de l'automobile allemande, tels que BMW, Mercedes-Benz et Volkswagen, sont directement concernés par cette potentielle hausse de 10% des taxes envisagée par la Chine. En effet, ces marques exportent de nombreux SUV et berlines vers le marché chinois. L'annonce de cette mesure a déjà eu des répercussions sur les marchés financiers : les actions de BMW, Mercedes-Benz et Volkswagen ont chuté respectivement de 2,13 %, 1,56 % et 1,51 % à la Bourse de Francfort. En 2023, les constructeurs allemands détenaient un peu plus de 18 % des parts de marché chinois. Pour Volkswagen, l'Empire du Milieu représente son premier marché : près de 40 % de son chiffre d'affaires en 2023. Mercedes-Benz et BMW suivent de près, avec 37 % et 33 % de leurs revenus respectivement réalisés en Chine. Cette augmentation des droits de douane a de fait de quoi inquiéter ces constructeurs européens qui peinent déjà à maintenir leur place sur le marché chinois avec les marques locales qui gagnent en popularité, notamment BYD et NIO.

Une riposte face aux mesures occidentales

Cette décision de Pékin s'inscrit dans un contexte de tensions commerciales accrues. Les États-Unis ont annoncé à la mi-mai 2024 qu'ils allaient quadrupler les droits de douane sur les voitures électriques chinoises, les portant à 100 %, contre 25 % auparavant. De son côté, la Commission européenne a également lancé une enquête sur les subventions chinoises aux véhicules électriques, laissant entrevoir une possible augmentation des droits de douane de 10 % à 20 %. Les conclusions de l'institution européenne seront rendues d'ici le 5 juin 2024. L'augmentation des droits de douane en Chine apparaît de fait comme une réponse directe aux mesures protectionnistes des pays occidentaux mises en place face à la popularité des modèles chinois, souvent proposés à des prix plus compétitifs que ceux de leurs constructeurs. Liu Bin avait d'ailleurs vivement critiqué l'annonce de l'administration Biden, arguant que celle-ci allait à l'encontre des principes de l'économie de marché et des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Quelles répercussions pour les consommateurs et les constructeurs européens ?

Pour les consommateurs européens, cette guerre économique pourrait se traduire par une augmentation des prix des voitures. Les constructeurs, confrontés à des coûts plus élevés en Chine, pourraient en effet être contraints de répercuter ces hausses sur les prix de vente. Déjà affectés par les mesures protectionnistes aux États-Unis, les constructeurs européens font face à une double peine. En effet, et pour ne rien arranger, en plus des mesures protectionnistes des pays extra-européens, ces derniers sont soumis à une pression sur leur propre marché, l'Union européenne ayant voté l'interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs d'ici à 2035...