Les politiques, en particulier certains maires, persistent et signe à maintenir le calendrier d’interditction de circulation des véhicules selon leur ancienneté imposé par la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) pour les ZFE (Zone à faibles émissions) tandis que l’inquiétude, ou plutôt la colère des automobilistes gronde. Après de multiples cris d’alarmes, notamment du romancier Alexandre Jardin , c’est au tour de BNP Paribas de mettre en évidence les craintes et les conséquence que les ZFE représetnent pour les ménages les plus modestes et les entreprises en relayant deux études : une de L’Observatoire de Cetelem, intitulée « L’Automobiliste en plein brouillard », l’autre de BP Paribas Mobility.
Les ZFE sont injustes pour 8 Franciliens sur 10
Les ZFE sont synonymes d’exclusion sociale pour des milliers d’automobilistes piégés par cette politique environnementale. Depuis le 1er janvier 2025, les véhicules classés Crit’Air 3 sont interdits à la circulation dans les ZFE de Paris, Lyon, Grenoble et Montpellier, qui a brutalement l’accès à 440 000 véhicules pour le seul Grand Paris, soit près de 22 % du parc automobile particulier francilien.
Les Zones à Faibles Émissions (ZFE), censées améliorer la qualité de l’air, se heurtent à une opposition toujours massive de la part des automobilistes. Pourquoi ? En raison du critère mis en avant par le calendrier des ZFE : l’ancienneté des véhicules et non leurs émissions réelles. L’étude BNP Paribas Mobility intitulée Indice de Précarité Automobile dresse un constat sans appel : 83 % des Franciliens jugent les ZFE profondément injustes, notamment pour les ménages les plus modestes et les artisans.
Des disparités géographiques notables
Pour les ménages modestes vivant en périphérie, c’est une impasse totale. D’après l’étude Indice de Précarité Automobile de BNP Paribas Mobility en effet, 71 % des habitants des zones périphériques estiment que les ZFE sont injustes, contre seulement 53 % des habitants de Paris intra-muros. Cet écart est tout aussi marqué lorsqu’on compare les véhicules concernés : en périphérie, près de 43 % des voitures sont classées Crit’Air 3 ou plus, contre seulement 16 % dans les quartiers centraux de Paris.
Le leasing social à 100 euros par mois, lancé début 2024 et présenté comme la solution miracle, a montré ses limites. Malgré 50 000 commandes enregistrées en six semaines, cette aide est insuffisante pour compenser les besoins réels des automobilistes franciliens. Résultat : les Franciliens sont nombreux à braver les interdictions : 43 % des conducteurs évitent les ZFE pour contourner les contrôles et 23 % continuent d’y circuler malgré les interdictions, faute de solution viable.
Les artisans et les PME étranglées
Les petites entreprises, notamment les artisans et les indépendants, sont, eux aussi, frappés de plein fouet par le calendrier d’interdiction des ZFE. Et pour cause, d’après les chiffres publiés dans l’étude Indice de Précarité Automobile de BNP Paribas Mobility, en raison de l’interdiction des véhicules Crit’ Air 3 environ 50 000 véhicules utilitaires légers sont désormais interdits de circulation dans la Métropole du Grand Paris, ce qui représente pas moins de 17 % du parc professionnel.
Le secteur de la logistique est particulièrement impacté, avec 27 % des véhicules qui sont désormais considérés hors-la-loi. Dans les communes périphériques où les entreprises dépendent largement de leurs véhicules pour assurer leurs livraisons et leurs prestations de services, cette restriction paralyse les activités. Les artisans utilisant des véhicules spécialisés — camions frigorifiques, véhicules de transport de matériel lourd ou équipements techniques — sont les plus touchés. Ces professionnels dénoncent l’absence de solutions adaptées sur le marché électrique, tant en termes d’autonomie que de coûts.
Alexandre Jardin met en garde les politiques contre une explosion sociale
Le 31 décembre 2024, l’écrivain Alexandre Jardin, dans une vidéo publiée sur X (ex-Twitter) — et que nous avons pu interroger — s’est fait porte-drapeau des maux des automobilistes, voire même de leur colère, allant jusqu’à qualifier les ZFE d’« exclusion (organisée) des gueux ».
Un coup de gueule qui n’est pas resté sans écho. La vidéo d’Alexandre Jardin, devenue virale sur les réseaux sociaux, a poussé certains politiques, notamment des députés, à exiger un moratoire de cinq ans sur le calendrier des ZFE afin de laisser aux automobilistes les plus précaires et aux entreprises le temps de mieux se préparer. Reste à voir si les politiques, notamment les maires des villes concernées — Anne Hidalgo à Paris, Grégory Doucet à Lyon, Éric Piolle à Grenoble et Michaël Delafosse à Montpellier —, persisteront à ignorer les inquiétudes grandissantes du peuple.