Les propriétaires de véhicules électriques en France doivent faire face à une situation préoccupante : le coût de la recharge sur les bornes publiques peut parfois dépasser celui des carburants fossiles, selon certaines configurations et cas d’usage. Cette réalité contraste avec les promesses initiales d’économies substantielles liées à la mobilité électrique.
Coût des bornes de recharge publiques : une réalité contrastée
Le réseau français de recharge publique pour véhicules électriques a considérablement évolué ces dernières années, avec des efforts notables pour augmenter le nombre de bornes. Selon Avere-France, il y a aujourd’hui plus de 100 000 points de recharge accessibles au public à travers tout le pays. Les tarifs pratiqués sur ces bornes varient cependant largement en fonction des opérateurs et du type de recharge.
Pour les bornes rapides, le coût peut atteindre en moyenne 0,60 à 0,80 € par kilowattheure (kWh), surtout sur les réseaux ultra-rapides tels que Ionity ou TotalEnergies. Cette hausse récente des tarifs survient alors même que le prix de gros de l’électricité a enregistré une baisse de près de 30 % au cours des douze derniers mois, comme l’a rapporté RTE, le gestionnaire de réseau de transport d’électricité.
Coût de Recharge : Véhicule Électrique vs. Carburant Fossile
Les coûts des trajets pour un véhicule électrique et un véhicule à carburant fossile peuvent varier selon différents facteurs, notamment le type de recharge utilisé, la consommation des véhicules, et les prix du carburant.
Estimation du Coût pour un Trajet Aller-Retour Paris-Bordeaux (1 200 km)
Type de Véhicule | Consommation Moyenne | Consommation Totale | Coût Total Estimé |
---|---|---|---|
Véhicule Électrique | 18 kWh/100 km | 216 kWh | 129,60 € (à 0,60 €/kWh) |
Véhicule Diesel | 5 litres/100 km | 60 litres | 108 € (à 1,80 €/litre) |
Véhicule Essence | 7 litres/100 km | 84 litres | 163,80 € (à 1,95 €/litre) |
Pour un trajet long (comme Paris-Bordeaux) en utilisant majoritairement des bornes rapides publiques, le coût en véhicule électrique (environ 130 €) est légèrement supérieur à celui d’un véhicule diesel (environ 108 €), mais inférieur à celui d’un véhicule à essence (environ 164 €).
Les coûts de recharge domestique restent nettement plus bas que ceux des bornes publiques, ce qui rend l’utilisation de véhicules électriques plus compétitive pour ceux ayant accès à une borne de recharge personnelle. Environ 40 % des foyers français, vivant en appartement ou en maison de ville, n’ont cependant pas accès à une borne privée, freinant ainsi l’adoption des véhicules électriques.
Impact sur le marché automobile électrique
Les ventes de voitures électriques en France ont continué de croître en 2024, mais à un rythme plus modéré que les années précédentes. Elles représentent environ 17,2 % des nouvelles immatriculations, selon les chiffres du Comité des Constructeurs Français d’Automobiles (CCFA), en léger recul par rapport à 2022 où la proportion avait atteint 18,7 %.
Plusieurs facteurs freinent cette croissance :
- Le coût élevé des recharges publiques, surtout pour les utilisateurs sans accès domestique.
- Le prix d’achat plus élevé des véhicules électriques, malgré les aides de l’État.
- L’incertitude concernant les évolutions réglementaires, notamment avec les changements des bonus écologiques.
La situation en France contraste avec celle de la Norvège, où les ventes de véhicules électriques restent largement majoritaires, grâce à une politique fiscale très favorable et des infrastructures de recharge denses. En Norvège, neuf voitures neuves sur dix sont électriques, illustrant l’importance d’incitations robustes pour réussir la transition.
Solutions envisagées pour relancer le secteur
Face à ces défis, plusieurs propositions émergent afin de favoriser l’adoption des véhicules électriques :
Proposition | Objectif |
---|---|
Harmonisation de la TVA | Aligner le taux de TVA des bornes publiques sur celui de l’électricité domestique (5,5 %) |
Extension des aides à l’installation de bornes | Faciliter l’installation de bornes de recharge dans les copropriétés et les parkings publics |
Bonus écologique renforcé | Augmenter le bonus pour les véhicules électriques accessibles, tout en ciblant les ménages aux revenus modestes |
Ces mesures pourraient stimuler les ventes de véhicules électriques en France, en particulier si elles s’accompagnent d’une amélioration de l’accès aux bornes de recharge pour les résidents en milieu urbain.
Perspectives d’avenir pour la mobilité électrique en France
L’objectif du gouvernement français est ambitieux : 80 % des ventes de véhicules neufs devront être électriques d’ici 2030. Pour atteindre cet objectif, des efforts seront nécessaires pour rendre les véhicules électriques financièrement accessibles et pour développer des infrastructures adaptées. Le plan de déploiement des bornes, annoncé récemment par le gouvernement, prévoit une couverture renforcée avec 400 000 bornes installées d’ici 2030, ce qui pourrait répondre aux besoins croissants des utilisateurs.
Parallèlement, certains experts, comme ceux de France Mobilité, suggèrent que les véhicules hybrides rechargeables restent une solution de transition viable. Ces véhicules offrent une autonomie électrique suffisante pour les trajets urbains, tout en conservant la flexibilité des moteurs thermiques pour les longs trajets.
En revanche, des inquiétudes subsistent concernant la sécurité des véhicules électriques, notamment face aux incidents d’incendies signalés dans d’autres pays, comme ceux en Corée du Sud. Ces événements rappellent l’importance de la fiabilité et de la sécurité des nouvelles technologies pour garantir une adoption pérenne.
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