Le dispositif du leasing social s’annonçait comme une très bonne initiative tant pour les consommateurs que pour les concessionnaires. Mais la réalité est tout autre. Ces derniers ont avancé de nombreuses aides publiques qui ne leur ont toujours pas été remboursées par l’État.
Des retards de remboursement pour le leasing social
Depuis plusieurs mois, les concessionnaires automobiles sont confrontés à une situation financière intenable en raison des retards de paiement de l’État. Impliqués dans le programme de leasing social pour stimuler les ventes de véhicules électriques, ces distributeurs avancent les aides publiques promises aux acheteurs. Cependant, l’Agence de services et de paiement (ASP), responsable des remboursements, accumule de nombreux retards de dossiers, totalisant une dette de 100 millions d’euros, mettant ainsi en péril la trésorerie des concessionnaires. La situation est devenue si critique que certains concessionnaires refusent désormais de livrer les véhicules électriques sans avoir reçu leur remboursement. « Tant que je n’ai pas rentré la trésorerie, je ne livre plus une seule voiture. Nous sommes nombreux dans ce cas », déclare un professionnel du secteur auprès d’AutoInfo. Le retard de paiement de l’État concerne aussi bien le bonus écologique que les 13 000 euros d’avance pour chaque véhicule électrique en leasing social. En attendant, les concessionnaires doivent emprunter pour maintenir leur activité, une solution temporaire qui accroît leur stress financier.
Le dispositif de leasing social, victime de son succès, et qui a pour ambition de rendre l’acquisition de véhicules électriques plus accessible (environs 100 euros par mois), se heurte à une inefficacité administrative. Xavier Horent, délégué général de Mobilians, critique ouvertement cette situation : « À quoi sert de signer un contrat stratégique de filière automobile si l’intendance administrative est incapable de suivre ? » Les concessionnaires sont pris en étau entre des clients pressés de recevoir leurs véhicules, les constructeurs automobiles, et un système de remboursement public qui ne suit pas. L’ASP a bien tenté de calmer les inquiétudes et l’exaspération des concessionnaires, mais cette dernière ne leur a finalement apporté aucune solution concrète.
Un dispositif reconduit et doublé en 2025
Le retard de paiement de l’État ne menace pas seulement la trésorerie des concessionnaires, il met aussi en danger tout le marché des véhicules électriques en France. L’exemple de l’Allemagne, où l’arrêt des aides a provoqué une baisse de 29 % des ventes de véhicules électriques en mars 2024, montre à quel point le marché est fragile, et surtout, dépendant des aides publiques. En France, la promesse d’obtenir une voiture électrique à environ 100 euros par mois grâce au leasing social a attiré de nombreux clients. Toutefois, sans un remboursement rapide des aides avancées, cette dynamique pourrait s’effondrer. Les concessionnaires automobiles s’inquiètent également de la gestion de leurs stocks et de la valeur future des véhicules électriques. Avec les avancées technologiques rapides dans ce secteur, notamment en matière d’autonomie, les véhicules actuels pourraient devenir obsolètes après seulement trois ans de leasing. Une perspective qui est particulièrement inquiétante pour les concessionnaires, car ces derniers pourraient se retrouver avec des stocks de voitures invendables.
Les distributeurs ont donc de bonnes raisons de craindre l’avenir. Le gouvernement a annoncé que le dispositif de leasing social pourrait être étendu à 100 000 dossiers en 2025. Les concessionnaires n’ont pas tardé à montrer un certain scepticisme à l’égard de cette annonce : « Nous allons vite nous retrouver en difficulté et dans l’impossibilité de pouvoir encore livrer les clients. Ce n’est pas la peine de faire un nouveau système de leasing si on n’est pas capable de l’assumer derrière », confie un distributeur de la région Occitanie.
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