La voiture électrique fait sa révolution

Politique
La dernière étude de l’UFC-Que Choisir fait couler beaucoup d’encre. L’association tord le cou aux idées reçues en montrant qu’il est moins onéreux d’acquérir un véhicule électrique ou hybride qu’une voiture dotée d’un moteur thermique. Une conclusion qui n’est pas intuitive puisque le prix d’achat d’un véhicule propre est en moyenne plus élevé que les modèles essence et diesel. Pourtant en intégrant tous les coûts liés à l’utilisation de son véhicule, les conclusions diffèrent diamétralement. Une brèche en faveur de l’électrique et de la lutte contre le réchauffement climatique. 

Le coût total de propriété (CTP) peut sembler être une expression barbare, mais elle devrait se démocratiser rapidement au regard des enjeux financiers et climatiques. Le CTP inclut donc le prix d’achat, mais aussi l’assurance, le carburant, les coûts d’entretien ou encore la dépréciation du véhicule. Un calcul peu aisé à faire à première vue, mais qui mérite que les automobilistes s’y intéressent. En effet, un véhicule électrique revient 5 % moins cher qu’un véhicule essence et 3 % moins cher qu’un diesel.

Ce différentiel s’explique en partie par le coût du carburant. Il est en moyenne de 188 euros par an pour l’électrique contre 1 181 euros pour le diesel et 1 461 euros pour l’essence. Un écart gigantesque qui devrait encore se creuser avec un prix des énergies fossiles et des taxes qui repartent à la hausse. L’étude montre également que l’intérêt pour l’électrique est encore plus grand dès lors qu’on habite en zone rurale (plus de kilomètres parcourus) et lorsqu’il s’agit d’un achat de seconde main. L’électrique s’impose comme l’avenir de l’automobile à quelques restrictions près.

Des pouvoirs publics engagés dans la mobilité électrique

Si l’électrique devient une si bonne affaire, c’est aussi parce que l’Etat s’engage en sa faveur. Le bonus de 6 000 euros à l’achat fait (encore) la différence. Les pouvoirs publics promeuvent depuis plusieurs années les véhicules propres, mais force est de constater que les habitudes changent lentement. En 2017, seul 1,7 % des voitures vendues étaient à faibles émissions de CO2. Une goutte d’eau dans un océan de plus de 32 millions de véhicules de particuliers circulant en France. Il s’agit même d’une catastrophe en termes de santé publique et de lutte en faveur du climat. Le secteur automobile émet à lui seul 16 % des émissions de gaz à effet de serre. Il y a donc urgence à changer de paradigme et pour cela l’Etat compte sur deux manettes.

La première est bien connue des conducteurs puisqu’elle vise à augmenter les taxes pour les véhicules polluants. Acheter et faire le plein devient de plus en plus cher et les automobilistes cherchent des solutions alternatives. C’est alors que l’Etat actionne la seconde manette en rendant les véhicules électriques moins onéreux grâce au bonus de 6 000 euros. Le nouveau ministre de la Transition écologique et solidaire souhaite même renforcer ce type d’incitations pour les véhicules hybrides. François de Rugy s’est déclaré favorable au retour d’une prime à l’achat d’un véhicule hybride. Cette prime serait comprise entre 1 000 et 2 000 euros et renouvellerait une politique qui avait pris fin au 1er janvier 2018.

Le nouveau ministre fait ainsi clairement comprendre que seuls l’électrique et l’hybride avaient un avenir. D’ailleurs, François de Rugy affiche les objectifs : « zéro utilisation d'énergie fossile, c'est-à-dire zéro essence, zéro diesel dans les transports, à l'horizon 2050. Si on peut faire plus vite, on le fera ». Le cap est tracé et ce sont les entreprises qui auront la charge d’y parvenir dans les temps. En effet, l’Etat incite tous les acteurs, mais une part essentiel du travail revient aux constructeurs automobiles.

Des constructeurs à EDF, l’avenir est à l’électrique

Le Mondial de l’automobile de Paris qui vient de s’achever a constitué une belle vitrine pour des constructeurs avides de montrer leur intérêt et savoir-faire en matière de véhicule propre. Le scandale des tests de pollution a marqué les esprits et l’industrie automobile souhaite changer d’image en proposant toujours plus de modèles électriques et hybrides. Selon un récent sondage, 57 % des Français estiment que dans dix ans, la majorité des véhicules neufs vendus rouleront à l’électricité. Automobilistes et constructeurs prennent un même chemin et sont joints par un acteur majeur : EDF.

Le premier énergéticien mondial s’est engagé pleinement dans la transition énergétique depuis plusieurs années. Déjà, grâce au nucléaire, sa production d’électricité est décarbonée à 97 %, mais les efforts entrepris sont colossaux. Après le « plan solaire » et le « plan stockage des énergies renouvelables », EDF vient de lancer sont troisième plan d’envergure en l’espace de deux ans. Il s’agit cette fois de prendre le virage de la mobilité électrique et d’être le leader sur les marchés britannique, français, belge et italien. L’ambition est de fournir de l’énergie à 600 000 véhicules électriques en 2022, soit 30 % des marchés visés.

EDF croit en l’avenir de la voiture électrique puisqu’il prévoit une flotte de 17 millions de véhicules (dans les quatre pays concernés) en 2035. L’entreprise est déjà bien positionnée grâce à sa filiale Sodetrel spécialisée dans la recharge des véhicules électriques. Ce sont 75 000 bornes privées et publiques qui seront gérées par Sodetrel d’ici à quatre ans. Déjà 200 bornes à recharge rapide sont disposées par Sodetrel sur le réseau autoroutier français. L’entreprise répond ainsi aux attentes des automobilistes qui plébiscitent l’électrique, mais qui ont parfois des doutes sur ses performances.

Autonomie, accessibilité des bornes de recharge, prix d’achat. Toutes ces questions continuent de freiner le développement de l’électrique en France et en Europe. Pourtant, les réponses existent et prennent notamment la forme de « partenariats stratégiques » entre constructeurs et énergéticiens. Ainsi EDF a conclu de tels partenariats avec Renault, Toyota ou la start-up allemande Ubricity.

Les secteurs de l’énergie et de l’automobile collaborent désormais dans un contexte alarmant de réchauffement climatique. Le dernier rapport du Groupement d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) explique qu’il est « probable » d’assister à une hausse moyenne des températures de 1,5°C entre 2030 et 2052. Une hausse non sans effets et qui pourrait même déboucher sur des catastrophes majeures si elle devait atteindre 2°C. L’Union européenne ne reste pas sans réponse avec l’objectif fixé d’une réduction de 35 % des émissions de CO2 issues des voitures d’ici à 2030. Un objectif toutefois en-deçà des espérances suscitées par le vote du Parlement le 3 octobre dernier (moins 40 % en 2030). La mobilisation ne doit pas s’essouffler et la prise de conscience doit se poursuivre à un rythme plus élevé pour entretenir l’espoir d’un avenir supportable et durable.