Pourquoi les voitures thermiques polluent toujours autant ?

Décryptages

Malgré les réglementations, les voitures thermiques polluent autant que depuis le début des années 2010, selon la Cour des Comptes.

         

Voitures thermiques : des moteurs de plus en plus puissants

« Enfin un coup d’accélérateur, mais la route est semée d’embûches », souligne le rapport de la Cour des Comptes. Malgré un système de quotas de CO2 instauré depuis 2010 en Europe, les voitures thermiques, représentant trois quarts des nouvelles immatriculations, stagnent en termes d'émissions. Les efforts pour améliorer l'efficience des moteurs sont annulés par l'augmentation du poids et de la puissance des véhicules. Les SUV, toujours plus lourds et puissants, tirent les émissions vers le haut, rendant presque invisibles les avancées techniques. Les constructeurs automobiles fabriquent des moteurs 25 % plus puissants. La masse des voitures a augmenté de 10 %. Le rapport pointe un manque de rigueur dans le suivi des tests de conformité par les États membres. Entre 2020 et 2022, les enquêteurs ont constaté que les valeurs de CO2 transmises par les constructeurs étaient rarement vérifiées. Cette absence de contrôle, couplée à des lacunes dans la mise en œuvre du cadre de l'UE pour la réception par type de véhicules, laisse planer un doute sur l'exactitude des émissions déclarées. Un rappel inquiétant de l'époque du « dieselgate », où les tests d'homologation étaient insuffisamment contrôlés.

Les objectifs fixés sont loin

Les années passent, mais les voitures thermiques ne semblent pas évoluer significativement en matière de pollution. La Cour des Comptes révèle que les baisses d'émissions du secteur automobile sont principalement dues à l'essor des véhicules électriques. Les émissions en conditions réelles des voitures à moteur thermique restent stables, et les objectifs de réduction des émissions pour 2030 paraissent lointains. Le défi majeur réside dans l'adoption massive des véhicules électriques abordables, des infrastructures de recharge adéquates et un approvisionnement sécurisé en matières premières pour les batteries. Les transports représentent une part conséquente des émissions de gaz à effet de serre de l'UE, avec plus de la moitié provenant des voitures particulières. Face à cette réalité, la Cour des Comptes appelle à une concordance plus marquée entre les objectifs de réduction des émissions et les ambitions climatiques de l'UE. Le passage à des véhicules moins polluants n'est pas seulement une question de réglementation, mais aussi d'accessibilité, d'infrastructure et de ressources.