Médicaments : faut-il revoir les pictogrammes pour la sécurité routière ?

Reglementation

La revue British Journal of Clinical Pharmacology a publié une étude réalisée par l’Université de Bordeaux, qui pointe les limites de la signalisation des effets des médicaments pour les conducteurs. D’après les résultats de ces travaux, les pictogrammes sélectionnés ne permettraient pas de diminuer le nombre de morts sur les routes liées à leur consommation…

Depuis 2007, des indications apparaissent sur les emballages des médicaments afin de préciser les conditions d’usage des véhicules motorisés pour les personnes sous traitement. Trois pictogrammes ont été sélectionnés pour représenter un risque différent : le triangle jaune invite les utilisateurs à lire la notice, en orange, la signalisation préconise de consulter un professionnel de santé avant de prendre le volant, enfin le triangle rouge signale l’obligation de consulter l’avis d’un médecin.

En 2010, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) démontrait effectivement que « la prise de médicaments comportant un pictogramme de niveau 2 ou de niveau 3 est associée à une augmentation significative du risque d’être responsable d’un accident ». Cette fois néanmoins, l’analyse dirigée par Emmanuel Lagarde prouve que « les informations inscrites sur les boîtes de médicaments sont pertinentes, mais ça ne suffit pas ».

En effet, les experts de la sécurité routière du Point expliquent que « pour déterminer l'efficacité des pictogrammes, les chercheurs ont identifié 150 000 conducteurs impliqués dans des accidents de la route entre 2005 et 2011, en les répartissant en 4 grandes périodes ». Seulement, contrairement à ce qui était initialement attendu, le nombre d’accidents enregistrés sur les deux dernières périodes a légèrement augmenté. Interrogés sur leur interprétation de ces résultats, les scientifiques ont évoqué une hausse probable de la consommation des médicaments par une population vieillissante, tout en constatant surtout l’absence d’impact significatif de la méthode.

En conclusion, « la consommation de drogue médicinale est [toujours] responsable d'environ 3% des accidents de la circulation routière », affirment les auteurs du document. C’est pourquoi, ils déplorent le manque de campagnes de communication, notamment à destination des professionnels de la santé. Enfin, de son côté, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) rappelle que les consignes associées aux pictogrammes sont également valables pour toute « tâche nécessitant une attention soutenue, de la précision ou le respect des consignes de sécurité ».

Crédit photo : Ouest-France