Le secteur de la voiture électrique prêt à exploser

Véhicules

Si le marché des véhicules propres a éprouvé de grandes difficultés à démarrer, la tendance devrait s’inverser radicalement dans les années à venir. À condition que le raccordement au réseau électrique soit facilité et intelligent.

  Les ventes de voitures électriques devraient « fortement accélérer sur les prochaines années », estime Marc Festa, cogérant des fonds Alken Asset Management. « Nous avons longtemps été sceptiques quant à la voiture électrique du fait des coûts trop élevés des batteries, des insuffisances en termes d’autonomie ou des réseaux de recharge trop peu développés », explique-t-il. Mais les freins au développement du secteur sont en passe d’être levés. Surtout en Chine, où les prévisions de production « ont quasiment doublé par rapport à ce que nous entendions il y a 6 mois ». Un optimisme partagé aussi pour le vieux continent européen, où les normes antipollution sont de plus en plus strictes, ce qui entraîne une baisse de parts de marché du diesel. Le pronostic de Marc Festa a lieu dans un climat positif pour le secteur. Dans un sondage réalisé en août par l’Institut Harris Interactive pour le magazine Auto Moto, la voiture électrique séduit dorénavant près d’un Français sur deux. Ils sont en effet 48 % à envisager le tout électrique dans le cadre d’un futur achat, devant la motorisation diesel (41 %). Les hybrides passent également devant l’essence en matière d’intentions d’achat (72 % contre 71 %), ce qui montre que les motorisations propres « ont réussi leur pari de séduire le grand public ».  

Déploiement de bornes de recharge : « sacré challenge »

Mais quelques obstacles demeurent. L’enquête de l’Institut Harris Interactive révèle une importante méconnaissance du marché et le sentiment généralisé que l’offre est insuffisante. En effet, 41 % des sondés sont incapables de citer spontanément un modèle ou une marque de voiture électrique, tandis que 31 % estiment que l’offre ne répond pas aux besoins actuels. Pour une très large majorité des Français, l’autonomie (95 %), l’accessibilité aux bornes de recharge (94 %) et le temps de recharge (93 %) jouent un rôle déterminant dans l’acquisition d’un véhicule électrique. Ces considérations s’avèrent même plus importantes que les infrastructures adaptées, les économies réalisées, la baisse du prix et les aides à l’achat (92 %). En bref, la voiture électrique ne pourra séduire définitivement les particuliers que si le raccordement au réseau électrique général se fait plus facilement. La bonne nouvelle est que le message semble avoir été bien reçu. Pour Enedis, le déploiement de bornes de recharge électriques est un « sacré challenge » qui devrait cependant être relevé. Le gestionnaire du réseau table sur 400 000 à 800 000 véhicules électriques en 2020 et cinq millions en 2030 ! Début 2017, il y avait 122 000 points de charge sur toute la France, dont plus de la moitié en entreprise, un tiers chez les particuliers et le reste dans l’espace public. Selon Enedis, cela représente 730 MW de puissance installée.  

Des solutions acceptables pour le consommateur

Or, la loi de transition énergétique prévoit 7 millions de prises autour de 2030, et la législation oblige les logements neufs à disposer d’au moins 75 % de places de parking pré-équipées pour l’installation de bornes. Le chantier est colossal, mais Enedis, chargé de raccorder au réseau les bornes de recharge, se montre optimiste. « Le véhicule électrique est l’usage le plus emblématique de la transition énergétique », explique dans Les Échos Laurent Ferrari, directeur client et territoires d’Enedis. Afin de répondre aux nouveaux besoins, la filiale d’EDF mise en particulier sur le développement des réseaux intelligents, dont le compteur communicant Linky constitue la première étape. Plus souples et modernes, ces réseaux permettent de généraliser l’usage de l’informatique et des télécommunications afin de garantir une livraison efficace d’électricité. Dans la mesure où les véhicules vont devenir de plus en plus communicants, un dispositif comme Linky assure la transmission d’informations par le véhicule ou la borne de recharge au réseau électrique. En somme, le compteur nouvelle génération permet d’optimiser la consommation d’énergie pour adapter les réseaux aux nouvelles consommations, comme les voitures électriques. Le véhicule écologique pourrait être le fer de lance de la transition énergétique. À condition que les problèmes liés à l’autonomie, l’accessibilité aux bornes de recharge et le temps de recharge trouvent des solutions efficaces et acceptables pour le consommateur.
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