Comment bien préparer les garages indépendants à l’arrivée des véhicules électriques ?

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Écrit par :

James Lett

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La croissance des véhicules électriques (VE) et hybrides a bouleversé l’industrie automobile. Les évolutions réglementaires et les variations des comportements ...

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Comment bien préparer les garages indépendants à l’arrivée des véhicules électriques ? - © L'Automobiliste

La croissance des véhicules électriques (VE) et hybrides a bouleversé l’industrie automobile. Les évolutions réglementaires et les variations des comportements des consommateurs représentent à la fois des défis et des opportunités pour le secteur de la réparation et de l’entretien automobile : bien que l’interdiction de vendre des voitures avec des moteurs thermique soit fixée à 2035 dans l’Union Européenne, les garages doivent dès à présent se préparer à l’arrivée massive des VE, en s’adaptant aux nouvelles contraintes de ces véhicules.

Évidemment, cette responsabilité ne peut pas reposer uniquement sur les garages : à mesure que les VE deviennent la norme, une collaboration intersectorielle devient indispensable pour garantir la préparation de chaque composante de l’écosystème automobile. L’objectif est de s’assurer que les techniciens automobiles possèdent les compétences essentielles nécessaires pour réaliser des entretiens sûrs et efficaces sur les VE.

L’instabilité du marché des VE aujourd’hui

Bien que l’on prévoit que 60 % des ventes mondiales de voitures seront électriques d’ici 2030, l’avenir de l’industrie demeure incertain, en raison du scepticisme des automobilistes : selon l’Observatoire Cetelem, près de 60 % des automobilistes français doutent que la voiture électrique représente le progrès technologique capable d’améliorer l’empreinte environnementale de l’automobile. Cette méfiance est attribuée aux réglementations françaises, combinées à celles de l’Union européenne, alimentant le scepticisme des automobilistes français.

A l’échelle mondiale, l’accord de la COP 28 du 13 décembre dernier sur la sortie progressive des combustibles fossiles, laisse entrevoir des changements, mais une question persiste : est-ce que ces annonces permettent un soutien concret aux garages indépendants ?

Pour pouvoir apporter ce soutien concret aux garages, il y a deux obstacles principaux à surmonter : le talent et les outils.

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Le déficit de compétences des techniciens automobiles

Actuellement, l’un des défis les plus pressants pour préparer les garages à la révolution des véhicules électriques est le manque de compétences pour les réparer. Pour diverses raisons, on constate que les techniciens ne bénéficient pas de la formation spécialisée adaptée. Cela n’est pas dû à leurs propres lacunes, mais plutôt aux problèmes sous-jacents auxquels les ateliers indépendants sont confrontés, tels que le coût des outils, le manque de soutien institutionnel et le manque de temps pour la formation.

Bien que les VE fonctionnent de la même manière que les véhicules à moteur thermique, l’arrêt et la manipulation des batteries en toute sécurité requièrent une formation spécialisée. Les véhicules hybrides représentent un grand défi, car la combinaison d’un système thermique et électrique est plus complexe. Des compétences spécialisées sont donc nécessaires, et les garages doivent bénéficier d’un soutien pour répondre aux besoins des VE et des hybrides.

Mais au-delà de ces problèmes de compétences, il y aussi un large problème de[2]  recrutement dans la filière des métiers des services automobiles : selon l’Association nationale pour la Formation Automobile (ANFA), en 2022, les postes vacants dans cette filière représentaient environ 8 790 postes, 54 % concernent les trois métiers les plus difficiles à recruter (enseignant de la conduite, métiers de la maintenance automobile et métiers de la carrosserie). Cette tendance est due en partie à la mauvaise image du métier de la maintenance automobile chez les jeunes (pénibilité du travail, travail salissant et peu valorisant). En outre, selon l’enquête BMO 2023 de Pôle Emploi, la difficulté de recrutement dans le secteur des mécaniciens et électroniciens de véhicules est de 76,5%.

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Le vieillissement de la main-d’œuvre dans le secteur de la mécanique contribue aussi à cette tension. Malgré cela, les efforts visant à attirer les apprentis dans l’industrie automobile se sont intensifiés : les métiers uniquement en maintenance  de voitures particulières (VP) ont représenté 21 000 recrutements (alternants compris) en 2022. Cette pénurie actuelle ne laisse que peu de marge de manœuvre pour le perfectionnement des compétences liées aux VE. Bien que les logiciels d’atelier puissent améliorer l’efficacité des opérations, le consensus est clair : la formation doit être rendue plus accessible aux techniciens, qu’ils soient novices ou expérimentés, et les ateliers ne peuvent pas être les seuls à en assumer la responsabilité.

Les inquiétudes concernant l’investissement dans des outils spécifiques aux VE

Les réparations des VE peuvent poser des défis aux petits garages en raison de leur dépendance aux logiciels. Le coût de l’équipement lié aux VE constitue un obstacle majeur, étant donné que les comportements des consommateurs sont trop imprévisibles, ce qui rend difficile la réalisation d’un retour sur investissement. Alors que la technologie des véhicules continue d’évoluer, les logiciels conçus pour aider les mécaniciens et les techniciens automobiles progressent également. Si les logiciels peuvent rationaliser les opérations actuelles, il est clair que des mesures plus solides sont essentielles pour aider les garages indépendants à se préparer aux changements à venir.

Il en va de la responsabilité collective pour aider les garages indépendants

La collaboration entre les établissements formateurs, les associations professionnelles et les garages est essentielle pour garantir une main-d’œuvre qualifiée, prête à répondre à la demande croissante d’entretien et de réparation des VE. C’est la seule façon de garantir que nos techniciens automobiles disposent de la formation nécessaire pour fournir des services sûrs et efficaces. Bien que les constructeurs conçoivent leurs véhicules en tenant compte de la facilité d’entretien, les garages doivent suivre le rythme de l’évolution technologique. De plus, les gouvernements peuvent apporter un soutien en établissant des normes et en encourageant la formation et le développement des infrastructures. La synergie de ces efforts contribuera à renforcer les compétences des garages et à leur fournir les outils nécessaires pour prospérer.

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James Lett, Technical Expert chez Autodata

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